Dadour (Stéphanie), Le Vot (Sibylle), (dir.)
Enseigner l’architecture à Grenoble
Une histoire, des acteurs, une formation
17 x 24 cm | 416 p. | 520 ill. couleur | isbn 978-2-86222-099-4   40 €
octobre 2022

[Patrick Dieudonné, Plateia n° 3, avril 2023] « Deux grandes sections, complétées d'une troisième faite d'annexes, composent ce volume de plus de quatre cents pages. La première section, “Entre histoire, mémoire et contexte”, commence par restituer la genèse d'une institution […] Une tentative d'ouverture, toute temporaire, à l'actualité des transformations universitaires conclut cet exposé historique liminaire, qui représente le tiers de l'ouvrage et condense un matériau très riche. En témoigne une abondante illustration où cohabitent les instantanés de la vie de l'école avec ses épisodes parfois peu académiques, et les travaux des étudiants dont les formats et les expressions représentent avec beaucoup de finesse les évolutions pédagogiques autant que celles des théories et doctrines de l'architecture. La suite de [cette partie] rassemble une vingtaine de contributions thématiques, qui sont autant de points de vue sur des moments ou des expérimentations menées à l'école. […]
        La seconde section de l'ouvrage, “l'École ou l'articulation de la recherche et de la pédagogie”, poursuit l'organisation en monographies, en contrepoint de la continuité du premier exposé. Une partie des contributions repose sur des entretiens où la parole est plus directe-voire facétieuse […] Quelques expériences prennent la forme d'exposés historiques plus construits […] La troisième et dernière section, « L'École comme matière à penser», rassemble les listes et annuaires des acteurs, ou des événements qui ont concouru à l'histoire de l'école: directeurs et enseignants, mais aussi conférences et associations.
        La somme des contributions montre, s'il en était besoin, que les apports théoriques et pédagogiques ont souvent été le résultat de l'investissement de petits groupes de chercheurs, sans que la convergence vers un “programme d'école” unifié n'apparaisse explicitement à leur horizon. Les souvenirs qui s'expriment dans l'ouvrage ne mettent nullement en doute la solidité de la formation dispensée à Grenoble depuis sa “refondation” en 1968. Mais les points d'ancrage de l'attachement restent adossés à quelques personnalités, dans une image d'ensemble marquée par l'impressionnisme. On ne peut qu'être admiratif devant cette somme qui parvient à exposer avec rigueur, et souvent une forme d'empathie, des formats pédagogiques et des thématiques de recherche dont les prémices et les orientations ont été marquées par de tels écarts. »

[Christophe Meunier, La Cliothèque, 19/02/23] « Cet ouvrage épais rassemble différents articles et rend hommage aux 40 années de l’École nationale supérieur d’architecture de Grenoble. L’École d’architecture de Grenoble doit son identité à la recherche qui y est conduite depuis les années 1970, au sein de ce qu’on appelait alors, après mai 1968, l’Upag (Unité pédagogique d’architecture de Grenoble). Elle sera précurseur en France via ses laboratoires historiques tels que le Cresson, le Craterre, les MHA. […] l’histoire de l’école depuis la première école publique de dessin créée en 1763, en passant par la fondation de l’Ensag en 1978, jusqu’à nos jours. Ensuite, une deuxième partie observe, à partir de nombreux témoignages d’anciens enseignants, comment la recherche et la pédagogie ont toujours été articulées à l’Ensag. Enfin, une dernière partie est dédiée aux annuaires des directeurs, des enseignants et des associations de l’École ainsi qu’à l’inventaire des conférences et revues issues de l’Ensag.
        Comme le fait remarquer en introduction Sibylle Le Vot, l’histoire de l’enseignement de l’architecture à Grenoble reste mal connue. Elle débute avec la première École publique de dessin ouverte en 1763, puis l’École de sculpture architecturale en 1831 pour arriver à l’École régionale d’architecture en 1927. La présence en Isère de terres propices au développement de l’exploitation cimentière fait de l’industrie locale l’une des plus grandes pourvoyeuses de ciment à l’échelle nationale durant la seconde moitié du XIXe siècle. Cette industrie locale va donner une orientation aux enseignements dispensés à l’École d’arts appliqués de Grenoble. Ce seront d’ailleurs les bons résultats de la section du Bâtiment qui incitent l’État et les syndicats patronaux et ouvriers à créer en 1927 une École régionale d’architecture, soit la septième fondée en France.
        À partir du milieu des années 1970, l’Upag apparaît comme l’une des écoles pionnières de la recherche architecturale en France, en raison du nombre et de la diversité des approches qu’elle encourage, toutes en prise sur la pédagogie. De là, naîtra, par exemple, le Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain (Cresson), créé par Jean-François Augoyard (philosophe) et Jean-Jacques Delétré (architecte) […] L’ouvrage est extrêmement riche en témoignages et en ressources iconographiques. […] toute la longue et étoffée première partie saura intéresser tout architecte, urbaniste, designer ou tout autre passionné de l’aventure architecturale en France. »